Après 44 ans de privatisation, l’Espagne a décidé de renationaliser l’autoroute AP1 reliant Burgos au nord du pays. De même, l’AP4 (Cadix-Séville) et l’AP7 (Valence-Tarragone-Alicante) ont été rendues au gouvernement espagnol fin décembre 2019, des décisions émanant directement du Chef de l’État, Pedro Sanchez. Dans l’Hexagone, la question de renationaliser les autoroutes françaises reste sans réponse. Explications.
Autoroutes françaises : la majorité du réseau routier privatisé
L’Espagne compte aujourd’hui 11 500 km d’autoroutes, dont 9 000 km gratuits et 2 500 km soumis à péages. Dans l’Hexagone, c’est l’inverse car la majorité du réseau routier français est privatisée depuis le début du 21e siècle lorsque l’État décide de concéder certaines autoroutes à des investisseurs privés. En 2005 par exemple, la privatisation avait pour objectif de « moderniser les infrastructures » et participer au « désendettement de la France », selon France Inter.
Vendu à 14,8 milliards d’euros à l’époque, le réseau routier français est divisé entre trois principaux acteurs :
- Eiffage : propriétaire d’APRR et d’Area (2 082 km d’autoroutes) ;
- Vinci : propriétaire des autoroutes du Centre-Ouest et de la Côte d’Azur (4 386 km d’autoroutes) ;
- Albertis : propriétaire des autoroutes Paris-Normandie et de Sanef (1 175 km d’autoroutes).
Au-delà de ces grands groupes, on peut également citer quelques petits groupes propriétaires de courtes portions de route, à savoir :
- Adelac (filiale d’Aréa) : l’A41 entre Genève et Grenoble ;
- Alicorne : autoroute A88 ;
- ATMB : tunnel du Mont-Blanc…
Quant aux concessions, elles courent sur de longues durées d’environ 50 à 90 ans :
- APRR : le contrat est prévu jusqu’en 2035 ;
- Area : jusqu’en 2036 ;
- Sanef : jusqu’en 2031 ;
- Arcour (A19) : jusqu’en 2070.
Le contrat le plus court est celui de la SMTPC (tunnel du Prado-Carénage-Marseille), soit 32 ans. La concession prendra donc fin d’ici 5 ans.
Une rentabilité injustifiée
Contrairement à certaines idées, les péages des autoroutes rapportent gros aux entreprises concessionnaires. En témoignent les rapports officiels publiés en 2014 par différentes entités, notamment l’Assemblée nationale, le Sénat, la Cour des Comptes et l’Autorité de la concurrence. En effet, des hausses de rentabilité des péages ont été enregistrées depuis la privatisation des autoroutes françaises, mais elles ont été jugées injustifiées.
Selon le président de l’Autorité de la concurrence, Bruno Lasserre, la rentabilité des sociétés concessionnaires doit être justifiée, aussi bien au niveau de l’évolution des charges que des risques. Un an après de longs débats, le gouvernement et les entreprises autoroutières se sont parvenu à la signature d’un protocole d’accord, dont le contenu n’a été dévoilé qu’en mars 2019. Dans le détail, ce protocole prévoit un allongement de la durée des concessions contre :
- La promesse d’un investissement sur 10 ans, avec 3,2 milliards d’euros ;
- Une augmentation des tarifs de péage entre 2019 et 2023.
Renationaliser les autoroutes françaises : un sujet à controverse
L’idée de rendre les autoroutes françaises à la gouvernance de l’État ne date pas d’hier. En avril 2019, le sujet a été évoqué avec la privatisation des aéroports de Paris (AdP). Au cours des débats, les avis se divergent. Alors que la ministre des Transports, Élisabeth Borne, est contre la renationalisation du réseau concédé, le secrétaire d’État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, ne voit pas d’inconvénient à renationaliser les autoroutes françaises.
Dans l’attente des avis émanant des autres ministères comme celui de la Transition écologique, c’est aux sociétés concessionnaires d’assurer la gestion du réseau routier sur l’ensemble du territoire.
Photos : pixabay.com, positivr.fr
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